"Tu fais des combats illégaux maintenant?"
Le bruit du moteur se fit plus fort, comme par indignation par la question que Caleb venait de poser.
"Quoi, comme si t'es mieux placé pour parler, avec tes pouvoirs secrets." Fit Judith, levant un sourcil.
Caleb rit un peu. "Ouais, j'avoue. Mais, quand même…" il fixa son visage et puis son bras. "C'est comme ça que…"
"Non… enfin, le bras, oui, mais le visage… je sais pas trop. C'est flou."
Oh… c'est vrai… elle s'était fait tirer dessus quand il s'est fait kidnapper…
Mieux vaut ne pas lui dire, pas avant qu'elle s'en souvienne elle-même.
"T'inquiète pas à propos des pouvoirs… Élizabeth me l'avait déjà expliqué avant, pour elle, alors j'me suis dit que… c'était pareil pour toi."
Caleb sourit tristement. "Ouais, plus ou moins… elle avait plus de contrôle sur eux… tous les mages en ont un, sûrement. Ma perte de mémoire m'a sûrement fait oublier mes techniques."
"Sont où, tes tatous? Ceux d'Élizabeth étaient sur ses bras et-"
"Mon dos. Une paire d'ailes avec un serpent autour."
Judith resta silencieuse un moment, puis hoqueta. "Ironique."
Caleb sourit en retour, accotant sa tête sur la vitre. "Ouais."
Après un moment, Judith regarda autour d'elle, et fronça les sourcils "T'es sûr que c'est la bonne place? On s'en vient dans le vieux Montréal là, y'a personne qui vient ici depuis des années."
Et à y voir la végétation qui commençait à pousser sur quelques-uns des immeubles, cela faisait sûrement quelques décennies.
"Depuis la révolution, au moins, ça se voit. Mais… ouais, le message a dit de venir là." Il regarda son téléphone à nouveau, et soupira. "Dans les ruines du théâtre Centaur."
Judith s'arrêta devant un immeuble. Il y avait une vieille affiche lumineuse, le verre craquelé et clignotant, entourée de colonnes à moitié détruites, quelques plantes et fleurs poussant dans le roc blanc vieilli. "Là?"
"Ouais."
Les deux sortirent, et se dirigèrent vers les ruines. Caleb regarda autour de lui. C'était un endroit vraiment désolé. La seule vie qui y avait était les plantes, fougères et ronces qui commençaient à pénétrer aux travers des bâtiments défoncés et délabrés.
Il y avait deux étages dans l'immeuble.
"J'prend celui du haut, et tu prends celui du bas." Chuchota Judith. "Et t'inquiète pas, j'vais entendre si tu crie"
Caleb ricana. "Ouais, c'est rassurant ça."
Les deux se séparèrent.
Caleb marchait lentement, regardant autour de lui. Le corridor était sombre, même si tout de même éclairé par quelque trous dans le plafond. À la fin du corridor étaient trois portes, menants sûrement à trois salles. Tout d'un coup, Caleb entendit quelque chose. Il sortit un fusil de sa poche, et écouta le bruit attentivement.
C'était… quelqu'un qui chante? Avec des… instruments?
Le son provenait de la porte de droite. Caleb s'avança vers elle, et, lentement, se glissa à l'intérieur.
Il eut une expression surprise en voyant ce qu'il y avait dedans, et rapidement, il arma son pistolet, un sentiment de nervosité montant dans tout son être.
La pièce était grande, et à chaque siège étaient assis des sortes de mannequins. Ils clignaient des yeux, et avaient tous les regard rivé sur la scène, où était un autre mannequin, qui, avec des mouvements robotiques, chantait. Une musique classique d'opéra sortait de quelques haut-parleurs sur sa fausse robe de plastique, un son clair qui résonnait dans toute la pièce, et ses bras bougeaient de haut en bas pour accompagner le "chant".
Caleb frissonna, et s'avança lentement dans la salle.
Qu'est-ce qu'était donc cette salle? Les animatroniques avaient l'air plus ou moins récents, et vu leur état, et celui de la salle, très bien entretenus.
Un mouvement furtif sur sa droite fit sursauter Caleb, et il se retourna, pointant son arme devant lui.
Rien.
Inspirant profondément, son cœur battant dans sa poitrine, il continua à avancer.
Et puis, un autre mouvement le fit tourner, vers sa gauche, dans les airs. Il tira en l'air, mais l'ombre lui sauta dessus et il tomba. Il roula à terre et se releva rapidement, les yeux écarquillés alors qu'il cherchait d'où venait l'assaillant.
Puis ses yeux tombèrent sur un cyborg au cheveux rouges et portant un masque.
"Ah ben, te voilà, Écarlate."
Sans un mot, Écarlate sortit une épée de son bras, et se lança vers Caleb. Le jeune homme évita de justesse, avant de tirer et toucher la main de l'homme.
Écarlate échappa l'arme et, rapidement, Caleb pointa la sienne dans sa direction. Écarlate recula, levant les mains vers le haut en signe de défaite.
"Qu'est ce que tu me veux??" Caleb s'écria, en panique.
Écarlate enleva son masque, et le lança à terre. Puis il sourit.
"De la croatine… c'est très difficile à trouver, surtout en une telle grande quantité…" Le pied de l'homme buta contre le mur, et il s'arrêta, regardant derrière lui un instant. "Tu en a dans les bras, les jambes, et aussi sur ton dos et... dans ton système sanguin… très étrange, ça..."
"Viens-en au bout! Qu'est-ce que tu veux!?" Gronda Caleb.
"Je me demande seulement… pourquoi est-ce que Jezebel te voulait vivant? Mes clients me demandent toujours de tuer leurs cibles…surtout une cible avec autant de marchandise illégale sur lui..." son sourire se fit plus grand. "Qu'as-tu de si spécial, Caleb Beaupassant..?"
Caleb fronça les sourcils et grogna, fusil toujours devant lui.
"Si je te dis, est-ce que tu va encore me tuer?"
"Cela dépend de ce que tu me réponds…"
Caleb s'arrêta un instant, et inspira. Puis il soupira.
"Je lui appartenait auparavant… j'étais un Mage. Je me suis sauvé après avoir…" il pensa un instant. Pourquoi s'était-il sauvé? C'était encore flou dans sa tête.
"... appris... quelque chose. Et…" il inspira
profondément. "J'me suis enlevé la mémoire, pour ne pas me faire trouver. Et là… Jezebel veux me ravoir."
Écarlate resta silencieux. Il leva un sourcil, regardant Caleb de haut en bas, comme pour vérifier s'il mentait ou non.
"Qu'est ce que tu a appris?"
Caleb haussa les épaules. "J'arrive pas à me rappeler. C'est flou."
Écarlate pencha la tête sur le côté. Sa tresse suivit le mouvement. Il regarda en bas, marmonnant, langue passant sur sa joue alors qu'il pensait.
"Et donc si je t'aide… est-ce que tu me paieras?"
"Ouais."
Caleb baissa son arme, et soupira.
Il suivrait n'importe qui, tant que le prix à payer était cher.
"Bon, alors-" Caleb figea, et arrêta de parler. Il n'y avait plus de musique.
"Le robot a arrêté de chanter…" il murmura, et se retourna.
Le robot n'avait plus la forme d'une femme, mais plutôt d'un grand canon. Qui était en train de charger.
Écarlate cria quelque chose, Caleb resta figé, ses sens lui disant de courir mais son instinct lui disant de se battre.
Puis un coup retentit et Caleb se sentit se faire pousser vers le côté, son fusil glisser de ses mains, juste avant de voir Écarlate tirer sur le trou de la machine, et puis éclater en morceaux, avec le mannequin.
Pas beaucoup de sang, tout de même, mais beaucoup de pièces robotiques, qui volèrent dans tous les sens. Caleb roula à terre, terrifié, et se releva lentement. Il tâta ses pantalons pour chercher une autre arme mais ne trouva rien. Sa tête lui faisait mal, et ses tympans scillaient. Il essuya du sang de sur sa joue et frissonna de dégoût.
Et voilà qu'il venait de perdre un allié potentiel.
"Aahhh, tabarnack…" il grogna, s'étirant le dos.
Et d'un coup, tous les mannequins se levèrent et le regardèrent. Caleb se retourna vers eux, silencieux et aux aguets. Et puis leurs yeux clignotèrent et ils foncèrent sur Caleb, qui à son tour commença à courir.
Il couru le long du couloir, espérant de retrouver Judith à l'autre bout.
"Judith!!! On a un problème!!!!" Il hurla de tout ses forces.
Il la vit sauter des escaliers, et lui dit signe, et elle arma sa main.
"Quoi, que- oh!"
Son expression tomba en voyant la nuée de mannequins, et elle tira dans le tas. Un seul tomba, et se releva rapidement.
"Ah, fuck, tabarnack!!!" Elle s'exclama, s'apercevant bien que ses tirs ne feraient pas grand chose contre la horde sauvage de robots tueurs.
Les deux sortirent de vitesse hors du théâtre, juste avant que les robots je détruisent ce qui restait du bâtiment.
Judith essaya de tirer encore une fois, et puis grogna. "T'avais pas des pouvoirs électriques ou je sais pas trop quoi??? Utilise-les, bon sang!!"
Caleb la regarda un instant, puis la meute de robots. Il y en avait tellement… est-ce qu'il serait capable de tous les détruire?
"B-bon oké, continue à courir le plus loin possible et j'vais essayer!"
Judith acquiesça, lui faisant un signe d'au revoir de sa main, puis fuit. Caleb se retourna vers la meute, et inspira bien fort.
Allez, c'est sûr qu'il a fait ça avant, non?
Il rouvrit les yeux.
Le tas s'approchait de lui, mais pourtant, il était figé là.
Non, non, il n'y arriverai pas! C'était trop gros!!!
Il fronça les sourcils, et hurla, levant ses bras.
Tant pis! Il essayerait quand même!
Il était sur le point de les zapper, qu'une grande ombre jaillit devant lui.
L'ombre leva les bras et frappa à terre, une vague électrique surgissant de son corps, passants sur l'asphalte craquelée pour se rendre au tas et faire exploser tous les robots, d'un coup. Puis il se tourna vers Caleb, et le fixa, les yeux crépitants d'un bleu vif similaires au tatouages entourants ses bras.
Il n'avait plus son uniforme à présent, harborant des vêtements normaux. Et pourtant, Caleb savait exactement qui il était
"E-Ezra… Angevin?"
"Ah, tu peux pas faire tes trucs mais tu sais mon nom, au moins."
Puis, sans même lui laisser une chance de répondre, il le frappa à la figure.
Caleb vola plus loin, et toussa, du sang coulant de ses joues.
Ah, bien sûr, et il venait juste de se panser le visage.
Judith revint, et essaya de tirer sur l'homme. Ezra se retourna vers elle et la zappa, la faisant voler plus loin. Puis il te retourna vers Caleb.
"Si tu t'en étais souvenu plus tôt, t'aurais p't'être pu sauver ma sœur!!"
Un coup d'éclair le frappa au ventre et il tomba de nouveau.
"C'est ta faute!!!"
Caleb essaya de se relever, la tête douloureuse. Oh, bien sûr, tout était de sa faute aujourd'hui.
Ezra lui sauta à la gorge et le plaqua à terre, lui serrant le cou avec sa main énorme. Ses yeux étaient presque complètement bleus, et ses cheveux crépitaients avec les éclairs qui coulaient tout autour de lui.
"C'EST TOI QUI AURAIT DÛ-"
Il leva le bras, pour lui frapper la tête, mais, soudainement, il figea.
Sa main trembla, et son visage s'adoucit quelques peu, la rage passant pour faire place à de la confusion et de la tristesse.
Puis, il relâcha son étreinte autour du cou de Caleb, et son poing se défit pour tomber à terre.
"N-non, non…"
Il recula, et Caleb inspira profondément, toussant et crachant. Il se massa le cou, et leva le regard vers Ezra. Le grand homme porta ses genoux à son torse, et enfonça ses doigts dans ses cheveux. Il marmonnait quelque chose d'incompréhensible, et, en se rapprochant, Caleb s'aperçut qu'il était en train de débattre avec lui-même.
"H-hé?"
Caleb se râcla la gorge. Pas trop sûr si lui parler était la meilleure idée, mais...
"Tu… veux me tuer… parce que tu penses que c'est ma faute si Élizabeth est morte?"
Ezra resta silencieux.
"Qu'est-ce qui s'est passé avec Selaphiel?"
"Je… l'ai tué… renfonçé la tête dans le mur…"
Ezra leva la tête. "J'avais pas l'impression d'avoir fait la bonne chose, et…" il soupira "j'me disais que, peut être j'ai pas tué le bon gars, et que c'était de ta faute, finalement…"
Il se frotta le visage, et resta silencieux.
Caleb le regarda un instant. Il était étrangement honnête et ouvert, pour un étranger…
Enfin-
Non… pour Caleb, Ezra était un étranger, mais pour Ezra… ils se connaissaient sûrement depuis des années…
"Je… j'arrive juste pas…" Ezra leva les yeux. "T-tu-" puis il soupira, et resta silencieux.
Judith arriva, essoufflée, mais s'arrêta et regarda Ezra, puis Caleb, confuse.
Caleb lui fit signe que tout allait bien, et Judith acquiesça, restant debout.
"Celui que tu veux tuer, c'est Jezebel."
Ezra releva la tête complètement et cligna des yeux.
"J-je-"
"C'est de sa faute si tout arrive, non?"
L'homme se redressa et se lécha les lèvres, avant d'inspirer et d'expirer quelques fois. Il eut l'air de penser pendant un instant, puis soupira. Il avait l'air calme maintenant.
"Ouais…"
Caleb sourit.
"Quand on le trouve, tu pourra te venger, oké?"
"Ouais, ça me va, ça."
Puis il grogna. "Jezebel sait que tu le cherche maintenant. Et il va essayer à tout prix de te rattraper en premier…"
"Donc, va falloir le trouver en premier, c'est ça?"
Caleb se leva et lui tendit la main. Ezra la prit et se leva aussi. Judith les suivis.
"C'était quoi, les robots?" Elle demanda, regardant le tas fumant derrière eux d'un air de dégoût.
Ezra grogna. "Des tests, pour…" Ezra eut l'air perdu un instant "... Quelque chose, que Jezebel aurait voulu garder chez lui parce qu'il les trouvaient mignons." Il eut une expression de dégoût. "Malheureusement, il y en avait trop, alors il les as mis là."
"On a combien de temps avant que Jezebel nous trouve?" Demanda Caleb.
"Quelques jours, peut être une semaine si on est vraiment prudent…" il grogna. "Avec Élizabeth, toi, et puis moi qui nous sommes sauvé, il triplera sûrement d'efforts. Il vient quand même de perdre Mikhael, Raphael et Gabriel en moins d'une semaine."
Les trois arrivèrent à la voiture.
"Tu viens avec nous, ça veut dire?" Demanda Judith.
Ezra eut une drôle d'expression, et puis acquiesça.
"Mais, il faut aller quelque part où Jezebel pensera pas à chercher,…"
Il pensa un instant
"Oka."
Judith se retourna et gronda. "Oka?? C'est loin ça!!!"
"Je… connais un endroit, là-bas…"
Caleb se gratta la tête, et puis soupira.
"Ouais. C'est quoi, une heure pour aller là bas?"
"C'est assez long pour nous donner du temps de trouver un plan, et de découvrir qu'est-ce qu'il cache, et de s'entraîner aussi…"
Judith les regarda l'un après l'autre, et grogna. "Bon, oké. Mais Jezebel il sait pas que j'étais là avec Caleb, non?" Elle regarda Ezra, qui secoua la tête. "Le seul robot avec une caméra, c'est celui qui a explosé. Les autres étaient juste programmés à suivre une cible hostile."
Judith acquiesça. "Oké, faque… est-ce que j'pourrais revenir avec maman, avant que vous partiez? Je… j'voudrais pas qu'elle soit seule…" elle fit un demi-sourire triste, et Caleb hocha la tête. "Ouais, ça va." Puis il se retourna vers Ezra. "Ça va?"
"Ouais. C'est correct. C'est plus prudent de pas prendre la voiture, de toute façon."
Judith eut l'air satisfaite, et embarqua dans l'engin, et, avant de partir, lança une veste à Caleb.
"J'lui dirais salut de ta part!"
Elle partit seule, alors que les deux hommes décidèrent de prendre le métro, se disant que c'était plus sûr. Ils laissèrent leurs téléphones éteints, juste pour être sûr de ne pas se faire suivre par GPS, et Caleb en profita pour se changer en chemin.
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